jeudi 21 mai 2015

Pulpe • 1

Cela faisait déjà quelques jours que nous vivotions dans cette étrange taudis.
Les nuits étaient chaudes et les jours moites. Sarah m'avait invitée à partager sa maison de vacances un peu par hasard, et finalement, je ne sais trop pour quelle raison, j'avais accepté.

Je me laissais porter par l'ambiance bohème, la plupart du temps en observant son petit manège avec ses amis d'enfance Nicolas et Éric avec lesquels elles semblaient plus proche qu'elle n'avait voulu me le dire.
Allongée sur un monticule de coussins, j'en profitais pour peaufiner un texte dont j'avais un peu de mal à accoucher. Leur relation me laissait imaginer tout un tas de scénarii rocambolesques et d'autre plus... hm.
Je rougis en raturant une phrase. Tsss, me dis-je, que d'idées absurdes !

Sarah avait déjà publié une de ses nouvelles et devait participer à une lecture de quelques pages de son livre le soir suivant dans un café du centre-ville. J'avoue que j'étais assez impressionnée par sa volonté de se faire connaître, alors que j'aspirais plutôt à un tranquille anonymat. Je voulais néanmoins en profiter pour lui faire lire mon "œuvre colossale" d'une dizaine de pages. 10 pages, ridicule.

Tandis que j'étais plonger le nez sur ma feuille, Éric s'approcha.
  — Alors ? ça avance ? dit-il en s'asseyant à mes côtés.
  — Je ne suis pas tellement sûre que le terme soit adéquat, lui répondis-je avec un petit sourire.
  — montre-moi.
Je lui tends donc mes feuilles en me demandant ce qu'il allait penser de mes élucubrations érotiques. Mais, après tout, un deuxième avis est toujours le bienvenu.
Pendant qu'il se plonge dans mon blabla, je mâchonne nerveusement mon stylo. De l'autre côté de la piscine, Sarah est visiblement passé à une étape plus intime avec son Nicolas. Il va donc falloir que je me prépare à un tête à tête avec Éric ce soir.
  — ça m'a l'air plutôt prometteur, finit-il par commenter avec un clin d'œil.
J'ai un moment de doute. Parle-t-il de mon texte et de ce qui se passe entre Sarah et Nicolas ?
  — j'aime beaucoup cette scène, là. 
Il me désigne une paragraphe. Torride. Bien sûr.
  — je trouve d'ailleurs que le personnage me ressemble un peu, non ? tu t'es inspiré de moi ? Ajoute-t-il avec un grand sourire.
  — Euh, ouiiiiiii, non non en fait pas du tout ! dis-je en rougissant.
Zut ! J'en étais sûre. Je suis prise à mon piège, et je vais devoir passer ma soirée seule avec lui...
ça promet effectivement...

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Pour lire les précédents billets : Les jours roses

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